Yakutsk : l’arrivée

Ça y est, on a fini par arriver à Yakutsk. Première impression : c’est une ville fantôme, mais habitée. Noyée dans le brouillard, tout y est silencieux. De temps en temps on croise une voiture ou un passant, invisible sous au moins quatre couches d’habits. Lorsqu’on voit son visage, c’est jamais plus que ses yeux, avec en général du gel sur les sourcils. Il fait -50 ºC dehors. Personne ne prend la peine d’embellir les rues, les parcs publics sont noyés sous la neige, les arbres aussi. Les murs sont gris, le brouillard et le gel ont en pris possession. Les tuyaux d’eau chaudes courent de par les rues, s’élèvent à quatre mètres pour traverser les routes, puis retombent. Le sol perpétuellement gelé (permafrost, pour les intimes) sur plus de 300 mètres de profond les endommage trop pour pouvoir les enterrer. Du coup, le seul bruit qui traverse le brouillard est cet étrange son de l’eau qui coule, son sourd et creux, lointain, constant, partout pareil.

La nuit, Le brouillard achemine partout la lumière des quelques lampadaires, donnant au ciel une étrange couleur jaune feu, qui nous ferait presque oublier le froid intense. On se ballade donc partout comme en plein jour, c’est à dire qu’on distingue quelques formes dans le lointain, mais on distingue sans peine les objets proches. Il est difficile de se repérer ici. On ne voit rien à plus de 100 mètres. Le brouillard tombe à Yakutsk en même temps que la température, début janvier, et le quitte qu’en février, lorsque la température « remonte » à -30 ºC.

Tout ici est prêt pour le froid. Les voitures parquées dans la rue fonctionnent. En effet, arrêter le moteur d’une voiture en dehors d’un garage chauffé, c’est l’assurance de ne plus la redémarrer avant le printemps. Les garages chauffés sont donc légions, certains y hébergent même de temps en temps un copain de passage, mais ceux qui n’en disposent pas ont des voitures dites « gelées », et se déplacent en transports publics durant l’hiver. Les voitures ont souvent de l’isolant autour de l’habitacle, mais aussi sur le capot, pour éviter au moteur de refroidir (!). Les maisons ont souvent trois portes successives, pour éviter les courants d’air directs, les vitrages sont souvent triples. Les fils électriques volent au dessus de nos têtes, on ne les enterre pas, toujours à cause de ce fichu permafrost.

Au centre-ville, on croise quelques personnes, toutes semblent pressées de rejoindre le prochain bâtiment. Pas d’enfants jouant dans les rues. l’école est fermée à cause du froid, mais ils restent à l’intérieur.

Il parait que plus de deux cent mille habitants vivent ici, mais bon sang, où sont-ils ?

[ edit 10 mars 2012 : J’ai reçu mes photos par la poste ! Les voilà ]

-50.5 °C, dixit le thermomètre

Le choc

 

du brouillard, pas grand chose...

Une rue de Yakutsk

 

Une arrière-cour à Yakutsk

Une arrière-cour à Yakutsk. A vous de deviner : il fait jour ou nuit ?

 

Le soleil hivernal de Yakutsk, caché derrière du brouillard

Le soleil de Yakutsk, environ midi

 

3 commentaires
  1. BULUT a dit:

    ça m’intéresse beaucoup, savoir plus de chose sur ton voyage à Yakutsk.

  2. BULUT a dit:

    c’est génial, partager tous ça.

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